Guillaume Soro quitte la tête de l’Assemblée de Côte d’ivoire
Guillaume Soro a-t-il été poussé à démissionner ce 08 février 2019 de la présidence de l’Assemblée Nationale de l’Etat de Côte d’ivoire ?Guillaume Soro c’est l’ancien chef de la rébellion ivoirienne qui a soutenu Allassane Ouattara contre Laurent Gbagbo remis en liberté depuis le 1er février 2919. Son armée de rebelles était soutenue par la France. Il présidait l’Assemblée nationale depuis 2013 après avoir été le premier chef du gouvernement du Président Alassane Ouattara arrivée au pouvoir en 2011.
Les tensions entre lui et le chef de l’Etat ne sont plus aujourd’hui à nier. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase est son refus de participer à la mutation fin janvier de la coalition au pouvoir. Le Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), en un grand parti unifié. Il a donc été poussé à la démission par le président Ouattara qui l’avait annoncé publiquement le 28 janvier 2019 : « Soro Guillaume démissionnera en février, c’est entendu, c’est réglé ». On s’acheminait donc à une crise institutionnelle évitée de justesse. Soro en dit ceci dans son discours de ce 08 février 2019 : « … je rends ma démission […] Refuser de démissionner conduirait à une crise institutionnelle. On ne peut risquer de mettre en péril la paix fragile […] pour conserver un poste ». Entre le président Alassane Ouattara et Guillaume Soro, ce ne fut jamais un amour désintéressé. Mais plutôt celui de raison contre le pouvoir de Laurent Gbagbo (2000-2011). Ce mariage vient de se rompre à la veille d’une nouvelle année électorale. Certes, Guillaume Soro n’a pas encore dévoilé le projet derrière sa démission, mais en Côte d’Ivoire tout le monde le voit candidat à la Présidentielle de 2020.
Laurent Gbagbo, Bédié et Guillaume Soro
Au palais présidentiel certains parlent de « son ambition de faire autre chose et de se consacrer à son MBA à Harvard ». Pour faire diversion. Mais personne ne se doute de sa volonté de stopper un président qui a réussi son coup avec la constitution de 2016 qui lui permet un troisième mandat. Et qui chaque jour donne des signes de vouloir se représenter malgré sa promesse faite à son peuple de ne pas briguer un autre mandat. Alors étudiant entre 1995 et 1998, Guillaume Soro a été moulé politiquement par Laurent Gbagbo. Qu’il avait ensuite trahi comme chef de la rébellion pour permettre à Alassane Ouattara d’arriver au pouvoir en 2010. Il a un rapprochement boiteux avec l’ancien président Henri Konan Bédié qui espère à 85 ans remonter en 2020 sur le fauteuil présidentiel perdu après le coup d’Etat de 1999. /
La remise en liberté de Laurent Gbagbo et de Ble Goudé, quoique provisoire, et les regrets des deux suscités, notamment le pardon demandé au peuple ivoirien par Soro, nous donne des raisons de penser que le démissionnaire et l’ancien président Bédié pourront contre toute attente faire une place à Gbagbo, voire à Blé Goudé dans un futur accord, si celui-ci n’est pas encore fait. Rien n’est à négliger en politique où l’on fait des accords selon les réalités politiques. Mais comment en aurait-il été autrement lorsqu’on sait qu’il n’a jamais été le premier choix d’Alassane Ouattara? Ce dernier affiche une volonté claire de transmettre le pouvoir au fidèle des fidèles, le premier ministre Amadou Gon Coulibaly. Si non, à Hamed Bakayoko, son ministre de la défense, ou à « une nouvelle génération », s’il ne se jette lui-même dans la bataille. Depuis 2012 et son départ de la primature, Soro aurait été progressivement mis à l’écart des décisions. Il était coupé des informations sécuritaires et installé à l’Assemblée nationale qui a été vidée de vrais pouvoirs par la Constitution de 2016. Il avait perdu sa place de dauphin du chef de l’Etat »
Un homme de conviction ?
Guillaume Soro, ovationné après son bref discours, a quitté l’institution au volant d’une petite voiture italienne personnelle. « Je veux que mes concitoyens retiennent de moi le souvenir d’un homme de conviction. Debout, je rends ma démission de président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire […]. J’ai sacrifié mon poste pour la paix en Côte d’Ivoire. Me voilà ancien président de l’Assemblée nationale, simple député et vice-président élu de l’Union parlementaire de la Francophonie », a-t-il annoncé aux quelques 245 députés présents, le ton grave et solennel. Et de continuer par ceci : « J’ai eu plusieurs rencontres avec le président de la République […] Il a été question de mon positionnement idéologique par rapport au RHDP […] J’étais face à un dilemme. Trahir mes convictions, donc sauver un poste confortable, ou descendre de mon piédestal et rendre ma démission de mes fonctions, afin de pouvoir me regarder dans une glace […]. Je suis homme à croire davantage au jugement de l’histoire qu’au jugement des hommes ». Hors mis Laurent Gbagbo, Soro « Bogota », l’un de ses multiples surnoms tiré des années de lutte clandestine, aurait été aujourd’hui le probable candidat le plus trans-ethnique, trans-générationnel et trans-partisan pour 2020, s’il n’aurait trempé ses mains profondément dans la boue et dans le sang. Ce que beaucoup d’ivoiriens ne sont pas prêts ni à oublier, ni à lui pardonner.
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