Conseil ministériel présidé par Dion Ngute, premier ministre du Cameroun, 2019
Économie

Missions à l’étranger : Dion Ngute peut-il réussir la chirurgie ?

De Paul Biya en 2014, Philemon Yang en 2018 à Dion Ngute en 2019, les mêmes restrictions sur les missions à l’étranger et à l’intérieur du pays, pour les mêmes personnalités. Des circulaires sans suite qui semblent ne plus effrayer personne. Depuis le 05 avril 2019, on reparle au Cameroun des missions et déplacements à l’étranger des fonctionnaires et responsables de l’Etat qui plombent le budget sans aucune contrepartie valable et favorable pour le bien-être des citoyens. De 2014 à 2019, si quelque chose a été fait, le nombre de missions et de déplacement à l’intérieur et à l’extérieur du Cameroun sans motifs valables restent énormes et sous évalués. On a plutôt l’impression que les interpellés ne font qu’à leurs têtes.

Les ministres travaillent loin des ministères, les administrateurs loin des administrations et des administrés, les directeurs généraux sont des hommes d’affaires au détriment du contribuable. Et personne ne monte sur Camair-co, la compagnie aérienne nationale toujours en difficulté. Le chef de l’Etat n’a de cesse de le répéter depuis des années, « Je tiens à attirer une nouvelle fois votre attention, sur la nécessité de rationaliser les dépenses et d’améliorer leur qualité dans un contexte international marqué par la rareté des ressources financières. ».

Et d’ajouter lors du Conseil des ministres de 25 minutes qu’il avait présidé au Palais de l’Unité le mardi, 9 décembre 2014, « J’en citerai quelques exemples : l’augmentation effrénée de dépense en biens et en services, l’accroissement excessif des missions, notamment à l’étranger, la multiplication des Comités et des projets inappropriés, l’accroissement abusif des subventions. Cette situation appelle des efforts de modération et de rationalisation. Je demande au Gouvernement de réduire son train de vie en bloquant les dépenses de biens et services et en réduisant drastiquement les frais de mission, les achats de véhicules et de carburant. »

Dion Ngute sur les missions à l’étranger

Philemon Yang, encore Premier Ministre du Cameroun, avait sorti la « circulaire  N° 002/PM/Du 23 février 2018 relatives aux missions à l’étranger des Présidents du Conseil d’Administration, Administrateurs, Directeurs généraux et directeurs-généraux-adjoints des entreprises et établissements publics ». Dans cette circulaire, il était mentionné que « l’attention du chef de l’Etat a été appelée de manière récurrente sur les dérives observées dans le cadre des missions et déplacements à l’étranger » desdites personnalités. Cette circulaire dénonçait le fait que la plus-value de ces missions et déplacements « pour l’entreprise et l’établissement public concerné(e) n’est pas toujours établie ». (LIRE AUSSI :Dion Ngute vient de tenir son tout premier Conseil de cabinet).

Afin de rationaliser les dépenses de l’Etat ainsi que les missions et déplacements, certaines mesures ont été prises. Des mesures qui, malheureusement, semblent ne pas avoir été suivies, d’autant plus que un an plus tard, il se dit que dans une note directement adressée aux concernés, c’est autour de Joseph Dion Ngute, le nouveau Premier Ministre de signer pratiquement une circulaire identique visant tout aussi à interdire ou à réguler ces mêmes faits, qui n’ont cessés de plomber les caisses de l’Etat du Cameroun.

Depuis ce vendredi 5 avril 2019, il se dit dans la presse nationale que le Premier ministre Dion Ngute aurait émis une circulaire sur ce même sujet. Celui-ci a pour but, de même que celui de Philemon yang, de ramener les déplacements des ministres, des directeurs généraux, des PCA et administrateurs des sociétés d’État et autres hauts fonctionnaires de la république à leur expression rationnelle. Sa circulaire mettrait fin à toute autorisation de sortie du territoire pour « des conférences, séminaires, colloques ou les remises de prix  en particulier lorsque ces déplacements sont supportés par le budget de l’État ou des organismes publics concernés. »Cependant au Cameroun, le tout n’est pas de vouloir mais de pouvoir faire certaines choses.

Lorsqu’il s’agit de supprimer les avantages de ceux sur qui l’on compte pour galvaniser sa base électorale, il n’est pas facile de s’attaquer aux privilèges. Loin d’une vraie volonté de l’application des directives de 2014 du chef d’Etat, on y reviendrait plutôt, comme sous Philemon Yang, par une circulaire de Dion Ngute qui n’est qu’un rappel de bonne conscience qui ne peut contraindre un fonctionnaire englué dans la corruption et l’accumulation des avoirs publics, à revenir aux bonnes pratiques administratives et managériales.


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saimondy

Directeur de la publication de Saimondy. Analyste géopolitique, Journaliste-écrivain et éditeur, artiste musicien et producteur.

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