Neo Industry S.A, transformation cacao Cameroun
Économie

Neo Industry S.A : après l’émotion, le dur réalisme des chiffres

Que change l’inauguration de Neo Industry S.A, une usine active au Cameroun depuis 2015, si la production nationale reste toujours insuffisante ? 200 000 tonnes de fèves en moyenne pour trois grandes et quelques petites usines de transformation.

Mais non, cette usine est là pour transformer justement la production, lorsque celle-ci existe. Or dans le cas du Cameroun, un pays doté de trois usines de transformation (les firmes Sic-Cacaos, filiale locale du suisse Barry Callebaut, et les Chocolateries Confiseries du Cameroun (Chococam), filiale du sud-africain Tiger Brand.), et bientôt une autre à Douala, sans compter les plus petites unités qui se mettent en place, une production moyenne des fèves de 200 000 tonnes, la matière principale de ces usines, reste très insuffisante.

Il y a lieu de se demander où l’on va aller chercher l’auto suffisance de la production à même de faire tourner les machines à plein régime, de créer les 1000 emplois temporaires attendus à côté des 800 emplois directs escomptés. Va-t-on lorgner la production des pays voisins ou l’Etat va-t-il repenser ses efforts et sa politique dans ce secteur afin de booster la production nationale ? Il faut rappeler que la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest a grandement amaigri la production camerounaise. Aussi, les Camerounais se tournent de plus en plus vers la production des consommables tels que le manioc, le maïs, le riz et les légumes.

Soulager la balance commerciale avec Neo Industry S.A

L’honneur est revenu au Premier Ministre Dion Ngute d’inaugurer le 26 avril 2019 Neo Industry S.A, l’entreprise stratégique camerounaise mise sur pieds pour sauver la filière cacao du pays. Un soulagement donc, on l’espère, pour la filière cacao qui devrait voir les prix à la hausse du moment où cette usine va avoir besoin de beaucoup de fèves. Pour Luc Mbarga Atangana, ministre du commerce : « les prix devraient automatiquement remonter sur le marché intérieur ».

En plus de la stimulation du marché intérieur, cette usine apporte sa contribution dans la lutte contre le chômage des jeunes et à la lutte contre la pauvreté en milieu rural par la création des chaînes de valeur. Le ministre de l’économie, Alamine Ousmane mey, n’en disait que du bien. Pour lui, « Neo Industry S.A répond fondamentalement à ce défi : transformer localement, créer des emplois, ajouter de la valeur et faire en sorte que la balance commerciale se développe ». Neo Industry S.A est l’une des plus importantes de ce secteur en Afrique et la première de la sous-région. L’usine est construite sur cinq hectares à Fondjomoko, dans la ville de Kekem du département du Haut-Nkam, Région de l’Ouest.

Le Cameroun se dote ainsi d’une nouvelle unité de transformation du cacao d’une capacité de 32 000 tonnes entièrement équipée par l’Allemand Buhler, le numéro un de l’équipement des usines de chocolaterie dans le monde. Neo Industry S.A injectera dans le circuit à peu près 12 000 tonnes de beurre, 6 000 tonnes de poudre et 6000 de masse. 350 emplois directs sont déjà effectifs sur les 800 attendus. Avec à côté, quelques 1000 autres temporaires. L’extension de Neo Industry S.A a commencé il y a trois ans, lorsque l’Etat par le ministère de l’Economie, a décidé de relancer la filière par la plus grande transformation sur place au pays des fèves de cacao. L’objectif de transformer 50 % de la production nationale, d’ici à 2020 est un challenge à remporter. Non seulement pour augmenter la production, mais aussi pour l’amélioration de la balance commerciale du pays.

Le Cameroun produit en moyenne 200 000 tonnes de fèves de cacao par an, pour une transformation de moins de 25 %. Il fallait donc lui doter de plus grandes capacités. Après avoir bénéficié premièrement d’une garantie à hauteur de 6 milliards de FCFA par l’African Guarantee Fund (AGF), fonds de garantie lancé par le groupe de la Banque Africaine de Développement (BAD) pour un crédit bancaire à hauteur de 13 milliards de FCFA obtenu de la Société Commerciale de Banque (SCB Cameroun), filiale locale du groupe bancaire marocain Attijariwafa Bank, son promoteur Emmanuel Neossi a reçu de l’Etat du Cameroun un financement public direct de 1,2 milliard de FCFA.

Une usine stratégique du Cameroun

Cette usine est soutenu par 14 partenaire qui vont de l’Etat aux entreprises de BTP, de gaz et autres cabinet de vérification des normes. Il faut noter qu’en plus des facilités fiscalo-douanières offertes par l’État camerounais, ce projet a reçu un vrai soutien du gouvernement dans le cadre du projet Acropoles, implémenté par le ministère de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat). Neo Industry S.A, leader dans la transformation du cacao en Afrique Centrale, est donc cette entreprise qui jouera le rôle de joker dans la politique mis en place par le gouvernement camerounais pour relancer la filière cacao car ses besoins pousseront les producteurs à produire plus.

Sur son site internet, on peut lire ceci : « NEO INDUSTRY a la responsabilité particulière de veiller à ce que tout le monde puisse profiter d’un cacao raffiné et abordable – maintenant et à l’avenir. Notre mission est de protéger l’avenir du cacao pour ceux qui aiment en consommer , et ceux qui gagnent leur vie en grandissant. Pour transformer cet objectif en réalité, nous nous sommes liées de partenariats avec les paysans et les producteurs de fèves de qualités de divers horizon. Nous souhaitons créer un Réseau d’agriculture durable, nous nous assurons que nous suivons les normes de durabilité internationalement reconnues. Dans l’ensemble, NEO INDUSTRY augmente le niveau de production durable à chaque étape du voyage du cacao, de la la plantation jusqu’ au produit fini ».


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saimondy

Directeur de la publication de Saimondy. Analyste géopolitique, Journaliste-écrivain et éditeur, artiste musicien et producteur.

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