Scandale : la France vend des armes pour tuer les Yéménites
Au mépris des traités internationaux, la France vend les armes aux groupes de guerre, au Qatar et à l’Arabie Saoudite, contre le Yémen et l’Afrique. Ses ventes d’armes ont même augmenté de 30 % en 2018. Loin de ses Gilets jaunes, la guerre, la famine et la pauvreté ravagent le Yémen : un bilan de janvier 2017 faisait état de 10 000 morts, 30 000 blessés et plus de 2 millions et demi de déplacés.
Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis, Egypte, Bahreïn, Jordanie, Koweït, Maroc. Et même Qatar, avant juin 2017. Tous prennent une part active à la guerre civile au Yémen. Et la France leur exporte des armes. Pourtant, les Nations unies donnent régulièrement l’alarme sur la situation du pays, le plus pauvre du Moyen-Orient. Le Yémen fait face à une famine impliquant 14 millions de personnes. (Octobre 2018, selon le journal Le point). Tony Fortin, chargé d’études à l’Observatoire des armements, affirme que la France vend des armes à l’Arabie Saoudite en connaissance de cause : « Les frégates que l’on a vendues à l’Arabie Saoudite servent sûrement aujourd’hui au blocus du port d’Hodeida et cela a des conséquences terribles sur la population ».
Une économie de guerre
Ce qui est très grave c’est lorsque Tony Fortin, le chargé d’études à l’Observatoire des armements, affirme que : « Le gouvernement [français, NDLA] a lui-même préparé cette guerre : les transferts d’armes ont explosé peu avant et pendant le conflit, et il faut savoir que les contrats d’armements sont préparés cinq ans à l’avance pour un conflit. ». La France a en effet conclu, en 2013 et 2014, des contrats de modernisation de frégates saoudiennes.
Le montant de ses commandes d’armement a augmenté de 30 % selon le rapport annuel du gouvernement envoyé au parlement ce 04 juin 2019. Alors qu’elles étaient de 6,9 milliards d’euros en 2017, elles ont atteint 9,1 milliards en 2018. Les ventes à l’étranger de matériels de guerre français témoignent d’« excellents résultats », se félicite son gouvernement. Cette « embellie » dans l’industrie de la mort place l’hexagone dans le top 5 des plus gros exportateurs d’armes au monde, voire à la 3ème place si l’on se réfère à l’Institut international de la recherche sur la Paix de Stockholm qui utilise un outil de mesure différent.
En 2018, 50 % des commandes ont émané du Moyen-Orient et 15 % en Asie-Pacifique. Parmi les gros clients de la France, le Qatar avec plus de 2,3 milliards d’euros, la Belgique mais aussi l’Arabie saoudite avec 949 millions d’euros l’an dernier contre 626 millions en 2017. Soit plus de 50 % d’augmentation. Ce n’est pas tant le chiffre lui-même qui doit interpeller, bien sûr, avec une augmentation de 50 %, on s’attend à des montants record. En réalité, les exportations en destination de la pétromonarchie en 2018 n’ont rien d’exceptionnelle. 949 millions d’euros, soit presque 4 fois moins en 2014, 2 fois moins en 2013, 16 % de moins que la moyenne des ventes à Riyad au cours des dix dernières années.
La France pérennise la crise humanitaire au Yémen
Si ces chiffres attirent l’attention, c’est que ce rapport est publié quelques semaines après un scandale concernant les ventes d’armes françaises. Souvenez-vous, le 15 avril dernier, Le nouveau site d’information Disclose, en partenariat avec Mediapart, Konbini, Radio France, Arte et The Intercept, a publié, lundi 15 avril, des documents classés secret-défense apportant la preuve de l’utilisation d’armes françaises vendues à l’Arabie saoudite dans le conflit au Yémen, notamment dans des zones où des dizaines de civils ont été tués. A l’appui, une note classée Confidentiel Defense de la Direction du Renseignement Militaire (DRM).
Le document liste et localise certains des armements utilisés par les forces militaires saoudiennes contre les rebelles Houthis dans le Nord-Ouest du Yémen. Intitulés « Yémen – situation sécuritaire », ces documents transmis, selon Disclose, à Emmanuel Macron, à la ministre des Armées, Florence Parly, au Premier ministre, Édouard Philippe, et à celui des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, détaillent l’arsenal français utilisé par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis contre les rebelles houthis au Yémen.
Réactions
Jon Cerezo d’Oxfam relève « La France doit réagir et arrêter de se rendre complice d’une des pires crises humanitaires dans le monde et de la souffrance subie par la population yéménite depuis plus de quatre ans. ».
«Cette question de la connaissance des crimes de guerre est essentielle. En réalité la France est au courant depuis les rapports de l’ONU sur les crimes de guerre au Yémen. Nous sommes en train de réfléchir à la question des responsabilités pénales », explique le président d’Aser. «En tant que parlementaire … j’ai d’abord posé des questions écrites, puis en huis clos, parfois en coulisses, sur le sujet … Il y a un blocage gouvernemental sur la question.», Sébastien Nadot.
En savoir plus sur Saimondy
Subscribe to get the latest posts sent to your email.