ZLECAF : une renaissance historique du rêve africain depuis le Niger
Marcus Garvey, Tafari Makonnen connu comme Hailé Sélassié 1er, Nkwame Nkrumah ou Mouammar Kadhafi sont aux anges avec le lancement de la phase opérationnelle de la Zlecaf, la Zone de Libre-Echange Commerciale Africaine. Le rêve vieux de 56 ans des pères fondateurs du panafricanisme connaît l’avènement de la pose du deuxième pilier fondamental de sa fondation au Niger depuis ce 07 juillet 2019, après celui de la naissance de l’OUA en 1963. La Zlecaf sera opérationnelle à partir de juillet 2020. C’est ce qu’ont annoncé le 7 juillet dernier, les chefs d’Etat africains lors du sommet extraordinaire de l’Union africaine, à Niamey.
Le Cameroun a ratifié l’accord le lundi, 28 juin 2019, on peut le dire que c’est après le passage de la Secrétaire exécutive de la CEA au pays, la Compatriote Vera Songue. De plus en plus en Afrique, les idées pour l’unité de l’Afrique sont en vogues. On dirait que les Africains ont finalement compris qu’ils doivent s’unir face à aux occidentaux et orientaux ou périr comme de bons idiots en frères ennemis. Mais que peut le ZLECAF ? C’est ce que nous vous donnons à revisiter dans cette analyse. « Il est évident que l’opérationnalisation de la Zlecaf est de nature à favoriserentrepreneuriat, l’emploi de la jeunesse et l’émancipation des femmes », Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’UA. Le commerce intra-africain représente actuellement environ 16% du commerce total du continent, même pas 3 % du commerce mondial, alors que les flux commerciaux intra-européens sont à hauteur de 67%, intra-asiatiques à 30 %, intra-latino-américains de 20% et intra-américains du nord de 20 %.
La Zlecaf c’est 54 sur 55 Etats Africains
1963 est l’année de naissance de l’Organisation de l’Unité Africaine, l’ancêtre de l’Union Africaine (UA). Avec cette première organisation, il était question de jeter les bases du retour à une Afrique sans barrière pour le commerce et sans frontière entre les Etats. Ceci comme un retour des temps avant la Conférence de Yalta. Le bébé a mis long à naître et les écueils endogènes t exogènes ont été nombreux. On peut citer entre autres la fragilité économique des Nations, l’égoïsme des dirigeants, la paix fragile dans certaines régions du continent, le terrorisme, la méfiance entre des Etats qui pourtant sont condamnés à connaître le même destin, l’interventionnisme des anciens colonisateurs et des puissances, tous qui craignent encore ce jour qu’une Afrique unie et sans frontière entre ses peuples sonne la fin de leur hégémonie.
Lors du Sommet de Kigali en mars 2018, le Bénin, Érythrée et le Nigéria qui est la première puissance économique du continent n’avaient pas signé l’accord. Chose qui a laissé perplexes beaucoup d’Africains de savoir que l’idée de la création de cette Zone avait été déclinée dans le Traité d’Abudja en 1991. Ceci est désormais chose corrigée par Muhammadu Buhari, le Président de la République Fédérale du Nigéria qui vient de le faire, tout comme son homologue Béninois Patrice talon ce 7 juillet 2019. Ce qui porte les Etats membres de l’UA signataires de l’Accord à 54. Il ne manque plus que l’Érythrée qui pour beaucoup reste l’Etat le plus fermé du continent Africain, voire l’un des plus repliés sur lui-même du monde. Avec le Gabon et la Guinée Equatoriale, le nombre de pays ayant ratifié l’accord est maintenant de 27, bien au-delà du seuil exigé pour l’entrée en vigueur, qui était fixé à 22.
Un rêve de 1963 devenu réalité
« Africa must unite », l’Afrique doit s’unir est le slogan de Nkwame Nkrumah, l’ancien Président ghanéen qui a été tué lors d’un coup d’Etat que l’on sait aujourd’hui avoir été commandité depuis l’Occident par les ennemis de l’unité africaine. D’ailleurs avant et après lui, depuis Marcus Gavey jusqu’à mouammar Kadhafi, le grand argentier de cette cause, tous ceux qui ont repris ce slogan ont été assassinés, d’une manière ou d’une autre. En attendant de faire un jour les comptes de cette guerre que l’Afrique est obligée de faire pour exister, seule contre le reste du monde, la plus meurtrière, pire que celle livrée par l’homme aux dinosaures, selon le scientifique Anta Diop, l’entrée en vigueur le 30 mai 2019 avec un minimum de 22 ratifications, la Zlecaf devient ainsi le plus grand espace d’échange commercial au monde.
L’Afrique est un vaste marché de près d’1,5 milliard de personnes, (les sources démographiques officielles de l’UA parlent d’1,3 milliard). L’Afrique devrait officiellement atteindre 1,7 milliard d’ici à 2030 et 2,5 milliards d’ici à 2050, soit 26 % de la population mondiale en âge de travailler. Il faut rappeler que c’est le continent le plus jeune sur la terre avec près de 70 % d’individus avec moins de 30 ans. La natalité y reste nombreuse, ses terres arables pour les cultures sont les plus vastes de la terre et 55 % de sa population est constituée des femmes. On comprend clairement la menace que représenterait un tel continent, si au cours de l’histoire moderne sous l’ère du verseau, il redevient ce grand et vaste espace commun à tous les Africains. Beaucoup de pays dans le monde, notamment les pays occidentaux, ont plutôt des populations vieillissantes, ce pourquoi l’on y remarque des industries aux arrêts chaque jour par manque de main d’œuvre qualifiée. C’est le cas de l’Allemagne qui a lancé une loi qui fait du charme aux candidats à l’immigration.
Une nouvelle donne
Mais vaut mieux tard que jamais. La Zlecaf est la première réalisation historique depuis l’OUA. Rappelons que le premier plan décennal 2013-2023 de l’Union Africaine prévoit des projets phares de l’agenda 2063 tels que le réseau intégré de trains à grande vitesse, l’université virtuelle panafricaine, le projet d’espace aérien unique en Afrique, le projet de passeport africain et de libre circulation des personnes, et le projet des institutions financières continentales. Sûrement en mémoire de Nkrumah, l’un des pères très actif de l’Unité africaine, le siège de l’institution de la Zlecaf sera abrité par Accra au Ghana.
C’est donc un fait historique pour ce continent qui, avec la naissance du marché commun passera à 2500 milliards de dollars de PIB cumulé, soit une augmentation de 1 à 3 % de PIB par Etat membre, avec les échanges inter africains qui devraient augmenter de 33 % à 60 % d’ici à 2022 selon des chiffres de l’ONU. C’est pour sa réussite que les chefs d’Etat et de gouvernement réunis au 12ème sommet de l’UA au Niger, règle certains points sur l’harmonisation des règles commerciales à l’échelle du continent, les modalités sur la libre circulation des personnes et des biens, la définition des produits exemptés des droits de douanes et l’épineuse question du financement de la Zlecaf.
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