Le départ de Denis Nkwebo du quotidien « Le Jour » de Mana était attendu
Denis Nkwebo jugerait-il que le professionnalisme du quotidien « Le Jour » a été torpillé par l’appétence de son DP, Haman Mana ? Le journaliste vient de jeter l’éponge. Une des raisons de son départ de ce quotidien serait « l’Incompatibilité de la nouvelle orientation éditoriale du journal avec les règles d’éthique et de déontologie professionnelle … Depuis 2 ans ». Tout ce que nous dénonçons depuis quelques mois dans nos lignes. Depuis des années, la ligne éditoriale de certains journaux au Cameroun a tendance d’en faire des journaux « à charge » et non d’information ni d’analyse. Beaucoup de médias sont devenus des organes de communication des hommes politiques, voire de propagande des partis politiques. Au lieu de jouer fièrement et stratégiquement son rôle de 4ème pouvoir dans l’Etat.
Invité ce mardi 03 septembre dans la Matinale d’une radio à Douala, le journaliste déclare : « Depuis deux ans, notre journal a cessé d’être professionnel. Il est devenu un journal à charge et je l’ai toujours dénoncé […] On n’a aucun quotidien privé qui fait le journalisme au Cameroun. J’ai démissionné pour sauver Le Jour et le journalisme ». Plus loin il affirme : « Ce n’est pas les journalistes qui font le travail de la presse aujourd’hui … ». Pour comprendre ce que dénonce Denis Nkwebo au Cameroun, il suffit de regarder la Une de la presse de ce pays. Il est évident qu’on se retrouve très rapidement face à deux camps : celui des sympathisants du pouvoir et celui des soutiens à l’opposition. Encore faut-il savoir dénicher des sous-marins, d’autant plus que certains journalistes et directeurs de publication, (DP), émargent dans les deux camps. Selon les propos de Denis Nkwebo, « Des gens partent prendre de l’argent à Etoudi, puis auprès des opposants ». Ainsi va aujourd’hui le métier de journaliste au Cameroun.
Que vaut la démission de Denis Nkwebo ?
En effet, ce sont les DP qui sont à présent les plus en vue dans le métier de journalisme au Cameroun. Ils prennent toute la place réservée aux journalistes alors que la majorité d’entre-deux n’écrivent aucune ligne dans leur journal. Il faut préciser qu’un Directeur de Publication n’est pas toujours un journaliste, mais beaucoup plus un gestionnaire d’un organe de presse, voire un commerçant, un homme d’affaires. Dans la presse camerounaise, il est beaucoup plus connu comme un dealer politique, « l’amis » des hommes politiques, des ministres et des Directeurs Généraux des entreprises d’Etat qui s’en servent pour influencer les nominations, les pérennisations dans des postes. Malheureusement aussi, pour plomber des carrières au compte des camps qui s’affrontent dans les guerres de succession du Président Paul Biya. C’est peut-être aussi pour cela que Denis Nkwebo parle de la démission de l’éthique journalistique dans son média qui depuis bien longtemps a choisi son camp et ses armes.
Pourtant, « Les journalistes doivent dénoncer la malhonnêteté […] Au Cameroun, ceux qu’on connaît sont les DP qui se substituent aux journalistes, ce n’est pas normal », dit-il. Pendant ce temps, des journalistes paupérisés et astreints à l’éthique journalistique restent sans moyen et sans défense face à un régime qui fait tout pour grignoter les parts de puissance du quatrième pouvoir. Et ceci est de bonne guerre, me diriez-vous. Lorsque nous parlons de paupériser le journaliste, il est important de noter que monsieur Denis Nkwebo semble traîner derrière lui des mois d’impayés. Il a passé plus de 10 ans au Journal Le Jour, dont le DP est Haman Mana. En plus d’avoir été chef desk Littoral du Journal Le Jour, il est syndicaliste. C’est le Président du SNJC, le Syndicat National des Journalistes du Cameroun.
Rebondir
Le désaccord semble beaucoup plus profond quand il remet une couche avec des termes qui ont, toutes, leur force dans la lutte pour un journalisme de qualité quelques heures après son communiqué sommant les Directeurs de publication de « Le Messager, La Nouvelle Expression, Le Jour et Mutations » de payer les salaires de leur journalistes. Et d’ajouter que : « Si vous n’êtes pas payés en travaillant, autant mieux ne pas y aller du tout […] Si je ne parviens pas à faire payer les journalistes qui ont des salaires impayés, je démissionnerai de mon poste de président du SNJC ». Mais à la question de savoir si ce n’est pas à cause de la non perception de son salaire qu’il claque la porte, il répond : « Je n’ai pas démissionné pour une question de salaire […] il paraît que j’ai reçu mon salaire de Janvier […] Si les salaires des journalistes ne sont pas payés, je vais démissionner de mon poste de Président du SNJC. ».
On a foi qu’un jour, après tous ces remous politiques qui secouent la nation camerounaise, arrivera le temps de la prise de conscience et des défis un peu plus honorables à relever par les journalistes camerounais. Trop de débats politiques dans nos médias plombent déjà notre vivre ensemble depuis un bon moment et il serait temps de revenir à l’éthique et à la morale journalistique. Personne ne dit que la presse est complètement neutre ou libre. Aucune ne l’est dans le monde. Cependant, la liberté de la presse est l’âme même du journalisme. Pour cela sommes-nous d’accord avec Denis Nkwebo quand il dit : « J’avais besoin de libérer entièrement ma conscience […] Je me suis libéré pour cela. Si je ne m’étais pas libéré, j’aurais eu un problème de conscience ».
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