Discours de Paul Biya : mutation de l’Etat et abolition des privilèges en vue
A quelques heures du discours de Paul Biya, DG, Ministres, Sénateurs, Conseillers municipaux et tous ceux qui dépendent directement des actes politiques du Maître du Songho’o stressent. Allons-nous vers la fin des privilèges des créatures du Président ? Les grands axes de la décentralisation seront-ils mis en place par un forcing du Président ? La fin des Gouverneurs nommés par exemple, celui des Délégués de Gouvernement ? Une remise effective des clés de la ville aux Maires ? Ou la Dissolution du Sénat ? L’Instauration du Système éducatif Unique ? Un Nouvel Hymne national pour homogénéiser les élans nationalistes ? Une nouvelle Langue nationale pour faire Camerounais ? Une Nouvelle monnaie pour la Souveraineté nationale ? Un Référendum sur la forme de l’Etat, ou sa Nature, pour un peu exagérer ? Un régime parlementaire en vue ? Tout peut basculer pour eux comme pour tous dès ce soir.
Les principales revendications des Camerounais sont l’abolition des privilèges et la juste répartition des richesses du pays, au bénéfice de toutes les couches et générations. En scrutant les nombreux discours du Président de la République sur le sujet, et ses prises récentes de position, aussi bien dans ses Tweets que par ses communicateurs agréés, quant à l’appel des uns à modifier la forme de l’Etat, sa nature aussi, la décentralisation ne peut ne pas être l’un des objets de sa communication. En somme un discours sociopolitique, voire de nouvelles stratégies pour le destin du pays. Seulement la décentralisation crée des camps et controverses au Cameroun depuis plus de 22 ans. Lente à se mettre en place par ses détracteurs, elle est qualifiée de processus dont la prudence de la mise en place doit être observée par ceux qui y voient l’autoroute par laquelle le pays de Douala Manga Bell, de Um Nyobè et de Félix Moumié devrait passer.
Un discours contre les silences présidentiels
Depuis l’avènement des crises sociopolitiques au Cameroun, des Camerounais ont demandé que s’exprime leur Président, loin des communications classiques dont ils sont habitués. Mais Paul Biya, 85 ans bien sonnés et depuis 37 ans au pouvoir, n’a presque jamais changé de méthode. Les exceptions c’est le 7 avril 1984 après le Coup d’Etat, et en 2008 lors des émeutes de la faim. Il reste à ce jour l’un des présidents des plus constants au monde. Il ne parle pas pour ne rien dire. Il n’acte non plus dans le souci de faire du buzz. Pour cet ancien séminariste, la fonction présidentielle reste encore celle qui ne se permet pas le moindre écart de langage. On est loin de Macron qui fait des bourdes au milieu de ses bains de foules, ou de Trump qui utilise le réseau social Twitter pour se mettre en valeur en donnant ou rendant des coups aux adversaires politiques et aux détracteurs, loin de tout code diplomatique.
Avec le Président Camerounais, on est beaucoup plus sur le sillage de l’ancien président français François Mitterrand et de la tenue de Vladimir Poutine, le Russe plusieurs fois cité comme l’homme le plus puissant au monde. Quoique le livre « Un président ne dit pas ça » a révélé l’autre côté de Hollande, l’obscure envers, l’ancien Président français savait se tenir, contrairement à Sarkozy qui est venu au milieu du continent africain dire aux Khemet, n’être pas « assez » entrés dans l’histoire des humains. Malgré des bâtisses qui en témoignent : le colosse de Khéops, les jardins suspendus de Sémiramis, le Phare d’Alexandrie, les Pyramides d’Egypte, la Constitution écrite de l’Université de Tombouctou, la première constitution écrite au monde, etc. Le Président Paul Biya a des « silences » qui parlent assez, des actes présidentiels qui savent dire qu’il a compris et des décrets qui disent de lui être à l’écoute du peuple.
Contre le sérail ?
Malheureusement ou heureusement aussi, il sait prendre son temps, jouer avec les nerfs des uns et des autres, faire trembler ceux qui se reconnaissent fossoyeurs de la République et ôter de l’espoir à ses fabriqués et préfabriqués. Ces deux derniers se lancent alors dans une guéguerre de positionnement bien couverte par la discipline du parti, le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais, le RDPC, le parti au pouvoir. Le chef de l’Etat du Cameroun va donc enfin s’exprimer ce soir, loin des codes de communication habituels, mais toujours sous l’égide de ses habitudes. Un discours radio-télévisé bien pensé. A quelques heures de ce discours, l’un des plus attendu des 37 années du règne Biya, très peu de personnes savent de quoi il en sera sujet. Son adresse à la nation était attendue depuis vendredi dernier, parce qu’une fois encore la mèche avait été vendue, mais sans feu. La date n’était pas la bonne a-t-on envie de dire pour simplifier cette introduction dans les méandres du pouvoir par certains.
Cette fois-ci, l’officialisation de son discours a pris de court beaucoup. Même ceux du sérail ! Et du coup, il se suppose tout genre de scénario sur son objet. Très peu sont ceux qui interrogent sur l’opportunité et le « temps du Président » à parler au peuple. « Il va dire encore quoi » … « Qu’il démissionne » … « Après 37 ans, il va encore dire quoi ? », sont des expressions que l’on rencontre chez ses opposants et dubitatifs. Tout le contraire de ceux qui pensent que le discours de ce mardi, 10 septembre 2019, pourrait faire basculer le pays à gauche comme à droite, ou mieux redresser sa course vers l’émergence 2035 que notre DSCE voit toujours se poindre à l’horizon.
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