Géopolitique : le match Russie – France se joue actuellement en Afrique
Géopolitique et géostratégique, la Russie et la France se livrent la bataille de positionnement en Afrique. Un remake de la guerre froide au Cameroun, chez un non aligné. Ce n’est pas qu’au port de Douala-Bonabéri que ça se passe. Mais en Centrafrique et presque partout en Afrique. La Fédération de Russie est la plus grande nation au monde. Elle fait 17,1 millions de km2 et est établie sur deux continents. 74,7 % en Asie et 25,3 % en Europe.
De sa partie occidentale à l’Oural représente tout simplement 42 % du continent européen. Quant à la France, elle ne fait que 643 801 km2 et est aussi un État transcontinental dont le territoire métropolitain est situé en Europe avec des territoires dits d’Outre-mer en Amérique, au Pacifique et en Afrique, tous issus de la colonisation ou d’un protectorat comme celui sur le Cameroun. Contrairement à la France, la Russie n’a pas de passé colonial. C’est ici que cela s’est corsé pour Paris et s’est bonifié à Sotchi.
La France n’a presque jamais quitté le continent africain depuis la première guerre mondiale. Après la défaite des Allemands en 1918, elle s’y est installée après avoir pris sa part de butin à Yalta. Les Américains ont fait tourner la planche à billets sous le Plan Marshall. Il fallait reconstruire la vie des frères de la même race après la seconde guerre mondiale. Ce qui n’a pas été le cas pour les autres alliés, les Africains. Que dis-je, les pays noirs d’Afrique. Puisque les pays moins blancs ou plutôt « beurre » d’Afrique ont eu le traitement à même de les hisser un peu au-dessus des pays sub-sahariens, moins la République Sud-Africaine qui a même eu droit à la bombe atomique. Ce qui se joue en Afrique c’est aussi l’avenir du monde.
Une guerre de géopolitique économique ?
La guerre Russie – France en est l’échantillon. Les matières stratégiques sont la base de cet affrontement qui touche à tous les pans importants de la vie d’une nation : économique avec les matières premières, géopolitique pour le positionnement comme puissance et même idéologique pour l’avenir du monde. La France a un sous-sol pauvre en matières premières stratégiques. Elle n’en a presque pas ou pas du tout. Il se dit que depuis sa sortie de la colonisation allemande, elle ne vit qu’au crochet de ses anciennes colonies d’Afrique.
Au moment de la décolonisation, à quelques heures des indépendances, elle a eu le mauvais ou le « bon » génie de leur faire signer des clauses restrictives de souveraineté. On parle des accords de partenariat économiques, de coopération militaire et des accords secrets passés entre un tutélaire et son protégé mineur.
Dans ces accords économico-militairo-diplomatico-monétairo-culturel, la France devenait éhontément le propriétaire du sol, du sous-sol, de la mer, du ciel et de la terre des États que l’ONU l’a sommée à reconnaître la souveraineté. C’est ainsi que, épaisse des accords contre l’intérêt de son pré carré, le pays des Gaulois a pu s’asseoir sur la table des nations pour décider pour parler avec de grandes puissances pendant plus de 70 ans. Sa soi-dite puissance est discutée depuis un moment, son influence en prend aussi déjà un grand coup.
La Russie par contre ne rougit d’aucun passé colonial. L’URSS a été l’alliée de l’Afrique dans la lutte pour la décolonisation. Ses 17,1 millions de km2 lui ont fait don d’énormes gisements de matières premières. Ainsi considérés, un seul de ces deux pays est à même de vendre père et mère pour ne pas perdre son butin de guerre.
Une guerre géostratégique pour l’influence ?
La guerre froide était une guerre d’influence géopolitique, de domination et aussi économique. D’un côté, les États-Unis d’Amérique et ses satellites européens et asiatiques et africains. De l’autre, l’URSS avec les siens dans ces mêmes continents. Elle était froide car les meurtres étaient masqués, les crimes tus, et les actes de barbouzes sans éclats promus. Une fois la Russie décimée, le monde est devenu unipolaire avec les USA seuls au trône. Mais tout a changé avec l’arrivée du Président Vladimir Poutine. L’ancien du KGB du temps de l’URSS n’a pas digéré la défaite et le démembrement de son vaste Etat. Il s’est octroyé la lourde charge de redonner à son pays le rang de puissance militaire, comme du temps de cet URSS démembrée alors qu’il était Directeur des services secrets.
Pour résumer le tout, la Russie vient tout d’abord en Afrique reprendre sa place de puissance militaire, là où la France n’a plus rien à démonter sur la sienne. Mais au contraire, le pays de Emmanuel Macron chaque jour perd sa manne économique qui a déjà beaucoup maigri déjà, depuis que Chinois, Indiens, Américains, Anglais, Turques, Brésiliens, Allemands et autres pays arabes y grignotent ses parts de marché. Ils n’y sont plus que de 4 % contre 22 %, il y a seulement 18 ou 20 ans et plus de 55 %, il y a 40 ans. Sans l’Afrique, la France n’est plus influente dans le monde. Elle est à présent à la 6ème place et passera d’ici peu derrière l’Inde et l’Italie qui la talonnent déjà de très près dans le classement des PIB 2019 des pays les plus industrialisés au monde. Elle est 9ème derrière la Russie (6ème) en indice PPA (Pouvoir d’achat). La Chine y est première et la France 9ème.
L’Afrique reste-t-elle encore un terrain de jeu géopolitique ?
Certes la Russie est économiquement une naine devant les USA de Donald Trump, la Chine de Xi Jinping, et moins aisée que la France de Macron. Son entrée géopolitique officielle en Afrique est guidée par le marché de plus d’un milliard de consommateurs, ayant une projection de 4,5 milliards en 2050. Aussi, un moyen de contrer géo politiquement les Occidentaux en augmentant l’épaisseur de son influence dans le monde. Elle est à ce jour, la seconde puissance militaire au monde, après les États-Unis. La France en est la 5ème après la Chine (3ème), l’Inde (4ème).
L’Afrique, dans ce jeu géopolitique, est incontestablement le plus vaste continent, le plus vaste marché au monde avec la ZLECA avec ses 54 de la planète. Les plus grandes réserves d’eau douce, la faune et la flore la plus variée et le soleil sont siennes. Il est le plus jeune des continents avec 65 % de ses enfants avec moins de 30 ans. Sa pluviométrie est assurée, et en fait le seul continent au monde où l‘on fait 4 récoltes par an. C’est aussi là où se trouvent les plus grandes quantités et en qualités variées, des terres rares les plus recherchées par la technologie moderne. Que dire de ses énormes possibilités traditionnelles à guérir ses fils et filles ?
Bref, c’est le continent de tous les superlatifs. La terre où coulent« le miel des champs et le lait en abondance » n’est plus un terrain de jeu pour les autres mais contrairement aux discours afro pessimistes, une joueuse, la capitaine. Que ce soit la Russie, la Chine où les Européens ou Américains et Asiatiques, elle doit impérativement savoir prendre son pied et redevenir cette dominatrice qui sauvera le monde de ses peurs et turpitudes.
En savoir plus sur Saimondy
Subscribe to get the latest posts sent to your email.