AGOA : que valent les échanges économiques Cameroun – USA ?
Echanges économiques. Donald Trump menace de suspendre le Cameroun de l’AGOA. Le Cameroun doit-il s’en inquiéter ? Que cache cette volonté ? African Growth Opportunities Act (AGOA), est la Loi sur la Croissance et les Opportunités de Développement en Afrique. Ce n’est pas un accord de libre-échanges entre le Cameroun et les USA.
Elle est une loi américaine votée et promulguée en mai 2000 par le Congrès américain, sous l’égide du Président Bill Clinton et prolongée jusqu’à 2025 par Barack Obama. Selon cette loi, les produits de l’Afrique Subsaharienne entrent en franchise de douane sur le marché américain. Son objectif ? Susciter des économies libérales, le respect des Droits de l’Homme, la lutte contre le travail des enfants, voire l’implémentation des normes économiques selon les USA en Afrique. 39 pays africains ont adhéré à ce programme.
Donald Trump a donc choisi utiliser l’AGOA pour faire pression sur le Gouvernement de Yaoundé. Selon lui, il ne respecte pas les Droits de l’homme dans les régions en crise. Tout ce que le Président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, a dénoncé au sommet de Sotchi. Les souverainistes Camerounais crient à l’ingérence et au complot étasunien. Le Cameroun est un Etat « têtu et debout », à en croire son Ambassadeur aux Nations-Unis lors de la rencontre ARRIA.
Les tirs groupés de la secte djihadiste Boko Haram dans la région de l’Extrême-Nord, les incursions des bandes armées depuis sa frontière EST, la crise sociopolitique dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et les troubles post-électorales, n’ont pas réussi à le mettre à genoux. Comme en 2018, il a eu une économie résiliente avec un Taux de croissance de 4,2 % en 2019. Les projections sont plutôt bonnes pour 2020, si d’autres coups durs ne viennent plomber son économie.
Une balance déficitaire à l’AGOA
L’AGOA impacte pour moins de 3 % dans les échanges entre le Cameroun et l’international. 19 ans après son lancement, la valeur du commerce entre les États-Unis et l’Afrique s’élève à 41,2 milliards de Dollars en 2018, faisant de ce continent son 3ème partenaire commercial. Les échanges avec la Chine c’est 3,5 fois plus et avec l’Inde sont d’une valeur de 55,1 milliards de Dollars.
L’Afrique ne représente que 0,8 % des importations américaines. Pour Jean-Marie Ackah, président de la Confédération Générale des Entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI), « L’AGOA n’a pas suffisamment amélioré la diversification et la transformation structurelle des économies africaines ». Le Premier partenaire du Cameroun est le Nigéria, avant même l’Union européenne, son premier partenaire commercial hors Afrique.
Le Cameroun a signé son entrée dans la Zone de Libre Echange Commercial Africaine (ZELCA), même s’il n’a pas encore ratifié les accords. Ainsi donc, il fait partie de la plus vaste zone de libre-échanges commerciaux au monde. 1,3 milliard de consommateurs avec une projection à 4,5 milliards en 2050. Le Cameroun n’exporte que du pétrole vers les USA. La balance commerciale entre lui et ce partenaire est fortement déficitaire à son détriment. Il pourrait donc se tourner vers d’autres marchés sans rougir. D’ailleurs, l’on peut vendre aux Etats-Unis sans passer par l’AGOA d’autant plus que la majorité des exemptions de droits tarifaires concédés par l’AGOA sont accessibles à tous les pays en développement en passant par le Système Généralisé de Préférences (SGP).
La Loi AGOA est-elle inutile ?
Non. Parce que justement, à présent que l’industrialisation prend corps petit à petit sur le Continent, et au Cameroun, il est de l’intérêt des Africains de pouvoir conquérir les marchés américains. Du chocolat made in Cameroon, des vêtements et autres poivre de Penja. Les cauris du Sénégal, les smartphone du Rwanda, etc.
Mais comme autres critiques de cet accord, il y est clairement mentionné que les USA peuvent suspendre de l’AGOA tout adhérent en cas de désaccord quelconque avec sa politique économique ou étrangère. Le cas du Cameroun. Unilatéralement ! Les États-Unis disposent aussi du pouvoir exclusif de suspendre les clauses qui menaceraient leurs propres productions. Mais l’Afrique de plus en plus fait peur. Avec l’entrée en fonction de sa ZLECA, elle tourne le dos au commerce hors Afrique.
Si la période 2002-2008 a enregistré un boom des exportations africaines, (82 milliards de Dollars), celles-ci allaient brutalement chuter dès l’année 2009. En 2014, leur chiffre cumulé tombe à 26 milliards de dollars, avant de frôler les 18 milliards en 2015. Le commerce intra-Africain a sa courbe croissante à cette époque. Pour le représentant adjoint des États-Unis au commerce extérieur, Curtis Joseph Mahoney,
« L’Afrique est aujourd’hui plus prospère, plus développée et plus interconnectée avec l’économie mondiale que jamais auparavant. L’Afrique compte parmi les économies dont la croissance est la plus rapide au monde, ce qui a permis l’expansion rapide d’une classe moyenne. Le lancement récent de l’Accord de libre-échange continental africain en mai dernier est une réalisation remarquable ». Et c’est justement ce que disait autrement le Président Togolais Faure Gnassingbé : « Nous avons pu relever que depuis quelques années, les chiffres enregistrent une tendance à la baisse ». Le Cameroun a la ZLECA comme champ de prospection.
En savoir plus sur Saimondy
Subscribe to get the latest posts sent to your email.