Scrutin du 9 février : le boycott était le parjure de l’opposition camerounaise
L’appel au boycott du scrutin du 9 février devait mettre à mal le pouvoir en place, mais seulement l’effet escompté n’a pas vraiment été. Si l’on dit se battre pour que la vie des populations change, si l’on clame haut et fort avoir une majorité du peuple acquise à sa cause défendue, comment comprendre le refus de briguer les mairies, l’endroit idéal où toute formation politique exercerait un pouvoir direct à même de changer le quotidien des citoyens ? Pourquoi refuser au peuple le droit d’aller voter et se dire démocrate et républicain ?
Ternir la splendeur du double scrutin organisé le 09 février dernier au Cameroun avait été recherché par une certaine opposition, la même qui depuis la présidentielle d’octobre 2018 n’a cessé de crier au vol de se victoire. Maintenant que les législatives et municipales ont eu lieu, tout concorde à faire comprendre que l’appel à ne pas aller voter était non seulement insensé, mais aussi un coup de poignard sur le dos de l’opposition elle-même. On croirait même que cet appel a été fait en faveur du RDPC, le parti au pouvoir. Les échos qui nous parviennent des résultats du double scrutin dans les mairies font état d’un partage de siège entre le parti au pouvoir, le RDPC et les partis d’opposition, dans plusieurs localités. En poussant la réflexion plus loin, il est notable qu’une participation des opposants qui ont refusé d’aller voter aurait pu arracher une bonne partie des mairies d’entre les mains du pouvoir en place. Et non seulement les municipales mais aussi les législatives. On a aujourd’hui des jeunes de moins de 40 ans issus de l’opposition qui sont élus députés de notre parlement.
Le boycott du scrutin pour le RDPC
Le boycott du scrutin du 09 février a largement profité au pouvoir en place, même si en général il a lui-même été boycotté. Par exemple, dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, là même où on s’attendait à ne voit personne sortir aller voter, la population est sortie massivement pour l’urne. Probablement que le statut spécial accordé à ces deux régions a su désactiver l’appel à ne pas se rendre dans les points de vote. Des longues files de votants ont été aperçu dans presque tout le territoire national. Seulement, ceux qui sont sortis sont allés donner leur voix aux candidats issus du pouvoir en place. Comme quoi, la nature a horreur du vide. Ainsi, appeler à ne pas aller au vote a plutôt donné l’avantage au RDPC qui a surfé dans certaines communes sans challenger. Et c’est ici que l’on doit interpeller la responsabilité de celui qui a lancé le boycott face aux aspirations du peuple.
Le Boycott a eu un impact grave contre la victoire de l’opposition qui, unie en plus, aurait pu asséner de coups graves au pouvoir en place dans certaines communes. Mille fois hélas, les stratèges politiques de ces « petits partis », pour reprendre l’expression du chef de l’Etat Paul Biya, savent seules pourquoi avoir stoppé l’élan d’une partie du peuple qui avait décidé de reprendre certaines mairies d’entre les mains du RDPC et de voir leurs représentants siéger à l’Assemblée Nationale. D’aucun parleront de légitimité et du taux d’abstention comme le chancre mou de cette élection. Pour rappel, 42 % est l’abstention notée à la présidentielle d’octobre 2018, malgré la participation de tous les partis politiques, y compris ceux qui ont appelé au boycott. Ainsi, avec ou sans eux, le peuple n’est pas si friant des scrutins.
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