Le sort du Tigré en Ethiopie ne parle-t-il pas aux séparatistes camerounais ?
Tigré. Depuis quelques semaines, l’actualité éthiopienne est dominée par des violences dans sa région séparatiste du Tigré. Après des mois de tensions et les attaques des dissidents qui a causé la mort des soldats de l’armée nationale éthiopienne, le premier ministre Abiy, prix Nobel de la paix en 2019, a envoyé son armée mater les forces rebelles du TPLF du Tigré. Plus de 400 000 déplacés et des centaines de morts sur la terre assoiffée du Tigré, région la plus pauvre d’Ethiopie, selon l’ONU.
L’Ethiopie est un vaste Etat d’une superficie de 1 127 127 Km2 qui en fait le 27è plus grand territoire national au monde, pour 108 386 391 millions d’habitants (13è au monde) en 2019. Depuis l’indépendance d’une de ses anciennes provinces, l’Erythrée, le 24 mai 1993, l’Ethiopie, le pays des Askoum, n’a plus d’accès direct à la mer, ce qui a longtemps freiné son économie et l’a obligé à signer des accords qu’il n’aurait pas aimer signer avec ses voisins, bien plus avec des puissances internationales pourvoyeuses d’une certaine logistique, dans des circonstances plus favorables. Mais il le fallait afin de surmonter l’enclavement de son territoire. La volonté et la détermination de la province du Tigré de se séparer de l’Ethiopie, un Etat pourtant fédéral, n’est plus à démontrer. Jouxtant l’Erythrée, son modèle de séparatisme sûrement, le Soudan éclaté en deux Etats (Sud et Nord) depuis 2011, son autre modèle à l’autodétermination dont la partie Sud reste jusqu’à présent noyée dans des guerres civiles répétitives et particulièrement meurtrières. Depuis son chef-lieu Mekele, le Tigré jouit d’un statut spécial dans l’Ethiopie. Il a son exécutif régional, ses branches judiciaire, législative et une politique nationale propre à la région. Une décentralisation poussée en somme qui en fait un Etat presque complet dans l’Etat d’Ethiopie.
La Région du Tigré en guerre
Mais cela semble ne pas suffire à ceux en quête du pouvoir hors zone de la tutelle fédérale, comme pour confirmer que dans la majeure partie des cas, et voir les cas suscités du Soudans et de l’Erythrée, la décentralisation est la première étape et le régionalisme en est la seconde d’un plan de séparation en arrière-plan, à chaque fois. Même aux Etats-Unis, le trop de liberté politique et de pouvoir a abouti à la guerre de sécession, de même qu’en France avec la Corse, en Bolivie, au Nigéria et bien plus récemment en Espagne. Le leader séparatiste au Tigré est l’ancien ministre du Tigré Debretsion Debremichaeal, spécialiste dans les techniques opérationnelles de communication et qui longtemps a su brouiller les communications du Gouvernement fédéral avant des attaques. Pourtant il a longtemps travaillé avec ce gouvernement fédéral comme Directeur adjoint du Bureau des renseignements. A ses côtés, a défendu l’intégrité de l’Ethiopie comme entité indivisible contre l’Erythrée séparatiste et est apparu aux côtés du premier ministre Abiy Ahmed lors de son investiture, comme soutien et ami.
Il y a quelques jours, l’armée régionale du Tigré, plus précisément les hommes du TPLF, a mené des attaques hors de son périmètre régional causant la mort de plus d’une dizaine de soldats de l’armée fédérale. Ceci a fait monter d’un cran la colère du Premier ministre qui y a envoyé le 4 novembre 2020 une expédition punitive. Bilan : plus de 300 000 déplacés et des centaines de morts au Tigré. Le premier ministre veut y changer de gouvernement régional contre la volonté des membres et de certains leaders politiques de la région afin de renvoyer une fois pour toute, le discours séparatiste loin des frontières de son Etat central.
La gestion de la crise du NoSo
Sur une balance avec la gestion d’une crise similaire au Cameroun, l’on voit le Président camerounais, Paul Biya, refuser de traiter les séparatistes du NoSo en ennemis de la nation, malgré les plus d’un millier de morts enregistrés par leur fait et leur volonté à faire du mal. En Ethiopie, le Premier ministre Abiy a ouvertement donné l’ordre à son armée de mater la rébellion, d’utiliser les moyens les plus coercitifs et énergiques contre les sécessionnistes et de neutraliser ceux qui n’obéissent aux institutions fédérales. Le premier ministre Abiy, interpellé par la communauté dite internationale et par l’ONU, a déclaré ne pas vouloir de négociation, ni de médiation face à un péril qui menace l’unité de l’Ethiopie et a même refusé toute assise avec les émissaires internationaux. Après avoir donné 72 heures aux Tigrayans de déposer les armes, le monde retient son souffle, les citoyens du Tigré les premiers.
La foudre va peut-être s’abattre sur eux alors qu’après l’expédition punitive, on parle de carnage et de lamentations au Tigré et de nombreuses destructions matérielles telles que des routes, des immeubles dans une région déjà très pauvre. Finalement, les populations ont vite fait de se retourner contre les leaders séparatistes aux promesses égoïstes, ceux par qui le ciel s’est abattu sur leurs têtes. Comble de malheur, Debretsion Debremichaeal, l’homme par qui tout est arrivé, qualifie cette guerre de « maudite », d’une qui n’aurait pas dû arriver.
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