Maurice Kamto au Zénith de Paris : de l’erreur politique à l’erreur apolitique
Le professeur Maurice Kamto vient de rater le coche à paris. Non pas parce qu’il a assisté en tant qu’individu et citoyen libre de ses opinions et de ses choix au spectacle donné par le rappeur camerounais Valsero le samedi, 18 septembre 2021, au Zénith de Paris, qui plus est l’un de ses lieutenants ayant payé un prix fort à ses côtés dans son engagement politique, mais simplement parce qu’il n’a pas pu (ou su comment) rattraper le coche transportant l’homme politique vers un destin donnant naissance à un homme d’Etat.
Il existe plusieurs types et sortes de destins politiques dans la sphère du leadership. Et des fois, ce sont des occasions telles que le concert du 18 septembre au Zénith de Paris qui révèlent celui d’un leader, une fois qu’elles ont été sublimées ou marquées au fer pour l’histoire par et grâce à une personnalité au destin unique. Ces occasions moulent dans la conscience collective la stature d’homme d’Etat de notre individu politique.
Une fois qu’elles sont loupées parce que nous avons été oublieux de sauter le pas, face au miroir et sans fausse fierté, nous sommes dans la situation exact de l’animal politique qui s’en voudrait d’avoir manqué l’occasion d’agir ou de saisir la perche de la raison politique. Dans la chaise du leader qui n’aurait pas dû se taire, juste s’assoir, rire et profiter tranquillement du spectacle sans réagir en homme d’Etat.
Maurice Kamto m’a enfin convaincu d’une chose
Ce fut une preuve de plus que le professeur Maurice Kamto n’est qu’un simple homme politique. Beaucoup de Camerounais ont compris à travers son apathie pour nos forces de défense par exemple, pour des fils de la Nation camerounaise tombés il y a juste quelques jours des faits de ceux qui brandissent l’épée de la division et qui étaient nombreux présents dans cette salle de concert, qu’il y a une différence à faire, et elle est notoire, entre un homme politique et un homme d’Etat. L’homme politique calcule les occasions de se frayer un chemin dans sa carrière d’individu ayant une opinion de la gestion de la cité contraire aux autres, ses adversaires, et dans la prise de pouvoir.
Un Homme d’Etat se positionne comme paravent de la sauvegarde et la continuité des valeurs morales, l’éthique et la protection des institutions étatiques, quitte pour lui de ne pas accéder au pouvoir. Il est celui qui incarne les aspirations les plus profondes d’un Etat, qui sont sa pérennité et son prestige, loin de toute position partisane, voire clanique.
Ainsi présenté, aucun Homme d’Etat digne de ce nom ne s’hasarderait à rester dans une salle où paradent les drapeaux ennemis, de ceux dont le sang concitoyen de 15 soldats lâchement assassinés en défendant la Patrie, dégouline encore des mains, sans montrer au monde son désaccord. Aucun ! Et pour exagérer un peu, un homme d’Etat y aurait demandé une minute de silence pour nos soldats lâchement abattus. Car vouloir gouverner, c’est aussi avoir le souci de montrer la gravité d’une situation en de tels moments et en des lieux pareils.
Dommage
Le professeur Maurice Kamto se serait désolidarisé d’une manière ou d’une autre de ceux qui dans cette salle du Zénith de Paris, sont nombreux à financer les tueries et les troubles dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du pays (le NoSo), qui achètent armes et munitions pour terroriser les populations, en appellent aux kidnappings et ont juré de mettre l’Etat qu’il veut gouverner un jour dans le chaos indescriptible. Il aurait tout au moins tout fait pour que son image ne soit en rien associée à ceux-là. Demander par exemple que ces drapeaux ennemis ne paradent plus d’un bout à l’autre de la salle, parfois à moins d’un mètre de son nez, si l’on veut le voir rester en salle.
Ainsi, après l’erreur politique qui a commencé le lendemain de l’élection présidentielle d’octobre 2018 où il s’est autoproclamé Président de la république du Cameroun à la place et au mépris des institutions habilitées à proclamer les résultats officiels du scrutin, qui s’est poursuivie par des menaces dans les réseaux sociaux, les marches de couleur, le boycott des législatives du 09 février 2020 et qui s’est vérifiée à plus d’une fois au travers de la distanciation prise depuis par certains de ses lieutenants d’hier, nous voici à présent face à un homme politique avec une masse critique indéniable, fusionné d’un citoyen supposé libre de (et dans ?) ses choix politiques et apolitiques, incapable de crédibilité aux yeux de l’électorat le plus nombreux du pays, interdit de convaincre la masse apolitique équilibriste des abstentions.
Incongruité
Une masse électorale frustrée depuis des années de ne pas trouver de leader politique aux atouts de vrai Homme d’Etat à même de se mettre au même niveau de confiance du peuple et de considération dont jouit l’homme lion, le président Paul Biya, qui à 87 ans et 39 ans de pouvoir, semble encore être la seule alternative à l’horizon 2025, qui aurait dû normalement être dépassée actuellement dans un changement au sommet de l’Etat du Cameroun en 2021.
Malheureusement, tandis que les enjeux de survie de notre jeune Etat se multiplient, le discours de propagande de nos opposants et particulièrement celui du leader du MRC met des vides en valeur entre des bides, des dits et dédits parce que les faits et actes politiques montrent autres choses. On ira même jusqu’à se demander qui sont ses conseillers.
Maurice Kamto ne fait-il qu’à sa tête ou il est tout simplement tenu par ceux qui lui permettent encore de se prendre au sérieux alors que chaque jour ses chances d’être installé démocratiquement au Palais d’Etoudi, le palais symbole de l’Unité du Cameroun, sont vraiment devenus minces ? Le concert de Valsero du 18 septembre 2021 au Zénith de Paris a réussi à faire comprendre le type et la nature politique même de Maurice Kamto.
Que ce dernier soit président de la république un de ces soirs, ce qui est de l’ordre du plausible, il ne serait pour autant pas un homme d’Etat d’autant plus que son entourage et lui ont laissé trop de bavures et d’archives contre son image. Comme si tout est fait autour de lui pour que ses opposants d’un jour aient suffisamment d’armes pour mâcher et cracher sa personne dans un challenge présidentiel.
Que peut encore Maurice Kamto ?
Ce ne sera qu’à fortes poussées du culte de sa personnalité, du renfort médiatique de ses partisans et sympathisants, d’une promotion à forts financements de ses qualités de politicien, de la démonstration laborieuse qu’il est prêt pour l’emploi, qu’il aura une chance de se donner une image transcendante de sa personnalité politique actuelle qui se révèle chaque jour être celle d’un chef fébrile, émasculé, incapable de tenir ses hommes dans les rangs, qui en aurait même peur, obligé de les obéir et de les laisser faire pour ne pas perdre le soutien qui est le leur.
Tout ce qui dans les esprits de ceux qu’il veut gouverner et à qui il demande les suffrages, mais dont l’appréhension de sa venue au pouvoir est chaque jour plus forte, en fait un suiveur et non un leader, voire un potentiel complice des bandes armées qui tuent et fusionnent après, comme il a été le cas au Zénith de Paris, avec son parti ou avec les siens, en sa présence. C’est ainsi que l’homme est allé de l’erreur politique à l’erreur apolitique.
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