Gabon : la transition installe les germes d’une crise géopolitique
Le nouvel homme fort du Gabon, le Général Brice Oligui Nguema, âgé de 49 ans, vient d’obtenir sa constitution coupée sur mesure dans la transition. Celle-ci porte pourtant les germes lui permettant de rester ad vitam æternam au pouvoir. Ce militaire, ancien Aide de camp de Président Omar Bongo dont il a déchu le fils (Ali Bongo) une fois devenu commandant de la Garde républicaine gabonaise, aurait donc déshabillé Pierre pour s’habiller en Paul contre le peuple aveuglé par la soif de se débarrasser de la dynastie des Bongo. Mais à quel prix dans le futur ?
Le premier signe immédiat de son envie de pouvoir est perçu après l’élection présidentielle mettant en compétition le Professeur d’économie et ancien ministre d’Omar Bongo entre 2006 et 2008 Albert Ondo Ossa et Ali Bongo, le fils. C’était le 26 août 2023. Lors de la crise postélectorale, la logique aurait voulu que, si une 3ème personne ou entité intervient soi-disant pour mettre de l’ordre et faire respecter la suprême volonté du peuple gabonais par le vote, cette dernière rétablisse le gagnant de l’élection du 26 août 2023 dans ses droits.
La Transition contre le constitutionnel
Républicain ? Il serait passé par la Cour Constitutionnelle (ou selon la juridiction gabonaise la plus haute à ce sujet). il aurait même pu recompter les voix l’arme au point, au lieu de carrément confisquer le pouvoir. Si ce n’est Ali le vainqueur, alors c’est l’opposant qui réclame sa victoire. Pourquoi ne même pas reprendre sous l’égide de l’armée avec le peuple ? D’où l’opportunisme dangereux du nouveau président de la transition.
La second signe de sa boulimie de pouvoir est le fait de changer la constitution dans la transition pour en faire son instrument de confiscation de pouvoir. Il quitte du régime présidentiel à un régime présidentialiste. Un régime présidentialiste étant celui dans lequel le Président de la République cumule dans les faits et les actes, la majorité d’instruments de gestion administrative et des outils politiques du pouvoir exécutif, judiciaire et législatif. Le Général Oligui Nguema devient donc depuis ce 16 novembre un super président pas loin d’un monarque (éclairé ?) qui aurait vie et mort sur le Gabon comme État et sur ses sujets.
150 000 électeurs étaient attendus le 16 novembre pour se prononcer dans ce référendum constitutionnel. Une consultation surveillée par près de 600 observateurs nationaux et internationaux. la population du Gabon se compte à moins 1,3 millions d’habitants. Selon des sources concordantes, une bonne partie des Gabonais n’aurait pas voté de gaieté de cœur. Beaucoup d’actes de pression ont obligé la majorité de citoyens à s’y rendre sous peine de représailles.
La continuité des Bongo
Le mutisme des pays occidentaux et leurs ONG trop bavards selon leurs intérêts, nous oblige à reconsidérer et à lire autrement les voyages du nouvel homme fort du Gabon au pays de l’ancienne puissance dont les ramifications restent bien ancrées dans ce caillou frontalier de la région du sud du Cameroun.
La peur ici reste qu’au moment de l’implémentation de son pouvoir selon la nouvelle constitution, se réveillent des Gabonais mécontents de leur nouvelle réalité politique, que la rue reprenne ses droits pour chasser celui qui profite encore de son état de grâce dans la transition. Ce sont ces petites distorsions dans la marche politique du Gabon qui sont aussi des germes d’un réveil brutal un matin, après sûrement une décennie de règne d’Oligui Nguema.
Voici que l’histoire se répète au profit des mêmes esprits qui ne quitte le Gabon, mais surtout de l’ancien colon. Bongo et Nguema, bonnet blanc, blanc bonnet.
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