Douala serait la capitale du Cameroun depuis le vote de novembre 1950

Le 30 novembre 1950 une résolution visant à ramener la Capitale du Cameroun à Douala est soumise au vote à l’initiative de Soppo Priso. Elle est adoptée par 14 voix contre 11 et un bulletin nul. Seulement André Fouda Omgba et Louis-Paul Aujoulat la torpillent et violent la volonté du peuple Camerounais. Rappel de l’histoire. La fin de la seconde Guerre mondiale s’est traduite par de grands bouleversements politiques en Afrique noire. En effet, la peur des révoltes en série sur le continent va pousser le Gouvernement français, hanté notamment par l’exemple d’Haïti, à assouplir son système de domination des colonisés africains d’une manière générale.




Au cours de la Conférence de Brazzaville au début de l’an 1944 consacrée à la réflexion sur le maintien des colonies françaises, il a été décidé d’introduire le droit syndical en Afrique et aussi d’associer « les indigènes » à la gestion de leur pays. De ce fait, la toute première élection du Cameroun est tenue le 21 octobre 1945. Elle portait sur l’élection de Députés à l’Assemblée Nationale  Française. Contre toute attente, Soppo Priso qui semblait le plus populaire homme politique de l’époque ne s’y est pas porté candidat. Sans doute avait-il hésité à affronter Alexandre Douala Manga Bell. Fouda Omgba André, le Vice-Président de la Jeucafra de son côté, n’a guère hésité à le faire à Yaoundé. Il y avait deux places à pourvoir, une place pour les « indigènes », en clair, les Noirs, une autre pour les Blancs. Les deux élus ont été Douala Manga Bell Alexandre pour les Noirs, et Louis-Paul Aujoulat pour les Blancs.

Après 1919, Douala s’en va

Mais l’année d’après, en 1946, Soppo Priso s’est porté candidat à l’élection des membres de l’Assemblée Représentative du Cameroun, ERCAM, nouvellement créée. Le nombre de place étant plus important a dû être pour lui un argument déterminant. En ballotage favorable au premier tour déroulé le 22 décembre 1941 d’un scrutin à deux tours, il sera aisément élu dans la circonscription du Wouri au second tour s’étant déroulé le 16 janvier 1947, devenant ainsi l’un des premiers noirs à jouir d’un mandat électif au Cameroun, l’Arcam était composé de 24 élus noirs et de 16 blancs. Cette élection fera ainsi de Soppo Priso l’un des grands porte-parole des Dualas au Cameroun en ces années-là, aux côté de Bétotè Akwa et Douala Manga Alexandre, ces derniers de familles princières, à sa différence. Et ce fut aussi le début de son activité de Parlementaire qui dura jusqu’en 1960, soit pendant 13 ans.




Au mois de novembre 1950, le Président de l’ARCAM Louis Paul Aujoulat absent est remplacé à titre intérimaire Par Soppo Priso, élu du Wouri. Paul Soppo Priso saisit cette occasion pour soulever un problème lancinant dans la Communauté Douala depuis la fin de la Guerre, cinq années auparavant. Elle n’avait guère accepté le retour de la Capitale du Cameroun à Yaoundé en 1946. Il se trouva que la ville de Douala avait été la capitale initiale du pays en 1884. Elle l’a été jusqu’en 1901. Mais les Allemands se plaignaient du climat humide de la ville. Et de la malaria qui y régnait à cause des moustiques. En 1901, ils avaient déménagé la Capitale du pays à Buea, ville qui leur rappelait le climat de chez eux. Toutefois, en 1908, le volcan du Mont-Cameroun s’est réveillé en pleine nuit. Après qu’il se soit calmé, le colonat Allemand a décidé, le cœur en peine, de revenir à Douala. La Capitale est de ce fait revenue dans sa ville initiale. Les Allemands, en quittant le Cameroun en 1916, l’y ont laissée.

La bataille de Soppo Priso

Les Français arrivés, un des gagnants des Allemands, ont commencé à leur tour à se plaindre de l’humidité de Douala, mais ils ne pouvaient plus retourner à Buea, cette ville se trouvant désormais sous administration britannique. Seule solution, choisir une autre ville située sur les collines. Nul ne sait très bien la raison pour laquelle ils n’ont pas choisi l’une des villes de l’Ouest dont le climat se rapproche pour un grand nombre d’entre elles de celui de Buea. Quoi qu’il en soit, ils ont jeté leur dévolu sur Yaoundé. En 1921, elle est devenue la Capitale du Cameroun. 1940. Dans la nuit du 26 au 27 août, Leclerc arrive au Cameroun pour son coup d’Etat. Il se rend à Yaoundé où il est accueilli par les colons de la ville au nombre desquels Robert Coron, (Carrefour Coron, Yaoundé). Il retourne à Douala et décide le transfert de la Capitale une fois de plus dans cette ville.




Début Septembre 1940, toute l’Administration coloniale française y est transférée. Il crée dans la foulée Radio Douala. Mais au mois de juin 1946, la Capitale est retournée à Yaoundé, au grand dam des populations de Douala et des environs. Voilà donc que Soppo Priso se retrouve au mois de novembre 1950 Président par intérim de l’ARCAM. Il dépose le 30 novembre 1950 une résolution visant à ramener la Capitale à Douala, et la soumet au vote. Elle est adoptée par 14 voix contre 11 et un bulletin nul. La riposte de ce vote ne s’est pas fait attendre. Fouda Omgba André rédige aussitôt une vigoureuse lettre de protestation qu’il fait signer par des notables de la Région de Yaoundé, et l’adresse au Haut-Commissaire André Soucadaux le 3 décembre 1950, soit trois jours après le vote de la résolution. De retour de paris, Louis-Paul Aujoulat vole au secours de Fouda André. Finalement, Soucadaux décide le maintien de la Capitale à Yaoundé. SOURCES : Enoh Meyomesse

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