Pauline Poinsier. Il était une fois la presse privée au Cameroun

Source : François LASIER / Elle s’appelait Pauline Poinsier. L’une des toutes premières plumes féminines de la presse privée au Cameroun s’en est allée. Par une extraordinaire pénurie de mots justes qui sévissait  au début  des années 90, tous les titres de la presse privée paraissant à Douala étaient affublés d’être une presse de l’opposition. C’était l’époque des villes mortes et l’irruption dans le quotidien des « Cartons rouges ».




Au moment où les commandements opérationnels rythmaient le quotidien de la capitale économique, Douala avait gagné son surnom de « ville rebelle » ou  « ville frondeuse”. Avec raison cependant puisque l’armée à cette période ne se faisait pas chiche des coups de matraques. Alors que la ville revendiquait une conférence nationale souveraine, le vieux Samuel Eboua, l’avocat Charles Tchoungang, le non moins vieux Gustave Essaka, l’ingénieur Jean-Jacques Ekindi avaient eu à la place une fessée nationale souveraine. En dépit de  cette furia d’Etat, Pauline Poinsier avait maintenu sa position et raffermi ses convictions de contestataire. Elle était alors chroniqueur à Challenge hebdo. Elle se faisait le devoir de couvrir tous les meetings du SDF, de l’UNDP et de l’UPC. Elle était aussi  présente aux grandes réunions politiques à Akwa, au siège du MP d’Ekindi qui venait de démissionner avec fracas du RDPC. Et à ceux du MNSD de Yondo Black, le bâtonnier.

Pauline Poinsier était avec nous …

A ces réunions, elle ne manquait pas de rencontrer de brillants sujets comme Célestin Monga arborant ses casquettes de grand banquier et de journaliste indocile. Tout à côté, le vieux Frédéric Augustin Kodock de l’UPC, ou le fringuant  Grégoire Owona, qui n’était encore que simple activiste dans les manifestations de l’opposition à Douala. Ils finiront tous deux ministres au gouvernement. Le fait d’avoir été la seule à se mêler d’un métier aussi ingrat que la presse privée, elle en était davantage séduisante de par son courage, et charmante de par son tempérament.




On le lui a plutôt bien rendu. Elle avait émergé à l’époque où on disait qu’un journaliste ne valait que son carnet d’adresses. Dieu sait que Pauline en avait un ! Opportuniste, la journaliste Pauline Poinsier pouvait s’inviter aux endroits les plus inattendus de Yaoundé. Elle y rencontrait le pilote personnel du Président, le Colonel Ze Eyang, lequel avait une villa aux abords du Palais présidentiel à Etoudi ou elle s’imposait un détour chez Ava’a Ava’a. L’intrépide  avait aussi ses fréquentations chez une bonne brochette d’autres ministres. Garga Haman Adji,  Bello Bouba ou Henri Bandolo que Pauline Poinsier travaillait activement à pour une information livrable. Elle a pu tirer les journalistes de bien de situations délicates, grâce justement à son carnet d’adresses. Car à cet époque, le Cameroun était un royaume de l’information interdite. La rumeur seule y règnait. Pauline Poinsier pouvait aider à recouper l’information pointue, même lorsque elle s’était perdue dans la fange de la rumeur.

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