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Winnie Mandela avait-elle été plus lucide que Nelson Madiba Mandela ?

Winnie Mandela plus réaliste que Nelson?

Winnie Mandela plus réaliste que Nelson?

Winnie Mandela devenue vice-ministre de la culture au lendemain des premières élections multiraciales de 1994, elle sera éjectée du gouvernement moins d’un an plus tard. Elle avait les positions qui dérangeaient. Écartée de la direction de l’ANC au début des années 2000, elle y revient en 2007. puis elle intégre le Comité exécutif.  Elle y critiquait farouchement son ancien mari, à qui elle reprochait « l’accord passé avec les Blancs » pour mettre fin à la ségrégation. Pour elle, la nation Arc-en-Ciel était un « mythe ».




Dans une interview à un journal francophone, elle dénonce cette nation en ces termes : « Il s’agit depuis le début d’un mythe total auquel les dirigeants de l’époque ont voulu nous faire croire. C’était un vœu pieux qui n’a jamais correspondu à la moindre réalité. La réconciliation n’a été qu’une façade; nous ne sommes pas libres car nous n’avons pas la liberté économique. ». L’on comprend donc aisément qu’aujourd’hui encore se lève une jeunesse aussi virulente que Mandela jeune, avec pour figure de proue Julius Malema, ayant pour seule réponse à cette injustice la reprise de la lutte armée, le poing serré.

Winnie était restée lucide

Au risque de faire passer pour traître celui qui n’a pratiquement pas eu de  vie parce qu’il défendait une cause et son peuple, avec à la clef 27 années de sa vie dans les geôles, le jeune homme devrait savoir que Nelson Rolihlahla Mandela avait cru à une paix de braves, loin de la violence au quotidien et des appels aux meurtres des deux camps. Il avait cru réconcilier, et de bonne foi, les deux entités sud-africaines. Mais il s’était trompé sur la nature de l’adversaire. On lui avait vendu le concept de la Nation arc-en-ciel avec rien dedans pour les noirs. Rien n’a changé depuis. Ni la pauvreté, ni les injustices, ni le sombre avenir pour « les siens », ni les viols, ni les violences. Il serait peut-être temps de revenir à la ligne « dure » pour une souveraineté effective, pense-t-il alors. 




Cyril Ramaphosa, le nouveau Président Sud-africain, qui était pourtant en froid avec Winnie Mandela, selon certaines indiscrétions, lui a rendu hommage en ces termes: « Aujourd’hui, nous avons perdu une mère, une grand-mère, une amie, une camarade, une meneuse et une icône ». Le président s’est lui-même rendu à son domicile à Soweto, au milieu de la foule des proches et admirateurs, des chants de lutte et des prières, annoncer qu’un hommage public lui sera rendu le 11 avril.

Hommages au sommet pour Winnie Mandela

Les obsèques nationales seront organisées le 14 avril 2018.Mail & Guardian, le journal sud-africain du patron de presse zimbabwéen Trevor Ncube dit ceci de Winnie Mandela : « dans le sillage de son poing levé, elle a élevé une nation. (…) La mort de Winnie Mandela marque la fin d’une époque, la perte d’une combattante de la liberté qui a servi de visage public à un Nelson Mandela emprisonné pendant 27 ans. (…) c’était son image intrépide et inébranlable face à un appareil d’État brutal qui donnait du courage à une nation qui luttait contre l’oppression. ».




Bref, des mères de la nation, l’Afrique en a peu connues. Sans avoir été Chef d’Etat, Winnie Mandela en est ainsi reconnue par ses compatriotes qui par milliers  brandissent dans les rues de Soweto, Capetown, Johannesburg et dans toutes les villes sud-africaines, le drapeau national, t-shirts et foulards à son effigie. Telle une égérie, elle inspire. Nomzamo Winifred Zanyiwe Madikizela a écrit en lettres d’or l’histoire de sa nation. Son combat restera sans doute gravé à jamais dans l’esprit des Africains. Sa mission accomplie, elle a dignement rejoint le royaume de ses ancêtres sa lance brûlante à la main.

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