Loi sur le statut de l'artiste camerounais
Éditorial

La Loi sur le Statut de l’artiste est une urgence au Cameroun aujourd’hui

La Loi sur le statut de l’artiste a pour objectifs de faire bénéficier aux artistes des conditions de travail adéquates et de la protection sociale prévus par le code du travail.  Hier l’artiste Axel Mouna est décédé dans la précarité, ce jour Nguéa Laroute et Marthe Zambo très malades, et incapables de se soigner dans la dignité. Ne me parlez surtout pas de ce que ces artistes ont gagné tout le long de leur carrière, ne me dites pas qu’ils n’ont pas su gérer leurs entrées, cessez de penser que la mise en lumière des artistes fait automatiquement des rentrées financières alors même que c’est un seul média sur 1000 qui paye la redevance audiovisuelle, que les salles de spectacles et de cinéma sont inexistantes, que la diffusion de vidéos des artistes sont à la charge de ces derniers.

Sans une prise en main réelle des secteurs des arts et de la culture, une grande partie du Cameroun tirera vers le bas le pays tout entier. Ce pays ne sera jamais émergent s’il ne respecte pas sa culture, tant qu’il refuse de s’asseoir sur le socle culturel qui seul peut le propulser sur orbite du développement vrai. Dire avec le Président Paul Biya qu’au « Cameroun il n’y a pas de sport majeur, de sport mineur, ni de sport réservé », ne revient-il pas aussi à dire que pour son développement, le Cameroun n’a pas de secteur de développement majeur, mineur ni réservé ? On ne le regrettera jamais assez, le Cameroun n’a pas de véritable politique culturelle. On a beau le chanter sur tous les toits, il plonge malheureusement dans un flou artistique que nul ne peut dire l’issu, si rien ne se rectifie.

L’artiste éclaire la nation

Des questions concrètes sur la vision culturelle de ce pays à ses dirigeants ne vous renvoient pas de réponses claires, sinon celles teintes de beaucoup d’amalgame politique. Mais combien de temps les dirigeants du Cameroun vont-ils continuer à jouer à ce jeu ? Devrons-nous citer toutes les victimes de l’absence de véritable politique culturelle dans ce pays ? Le monde est devenu un village planétaire de plus en plus petit dans lequel les citoyens de différentes nations ne se respectent que selon la dignité reçue de son territoire. Être respecté à présent, Etat comme citoyens, passe aussi et de plus en plus par la dignité, la manière de se présenter aux autres, la façon de vieillir entre icônes des arts et de la culture du monde, la manière par laquelle les Etats prennent soin de leurs artistes, de leurs acteurs culturels.

Faut-il rappeler encore que l’industrie culturelle est la 3ème après la pharmaceutique et celle des armes ? Sans Hollywood et la culture black, les USA de Donald Trump n’auraient jamais dominé psychologiquement le monde. Sans la chanson et le foot la France des Gilets Jaunes n’aurait jamais inventé Paris comme la plus belle ville du monde, pourtant la beauté est relative. Elle a surtout su vendre ses artistes, ses acteurs et la beauté de ses villes à ses colonies. Sans Bollywood l’Inde des BRICS n’aurait jamais imposé une image loin des castes et de la pauvreté qu’elle a longtemps transportée partout avec elle comme un boulet. Voici que tout près de nous, le Nigéria et le Ghana sont en train de se donner une image des plus luxueuses avec des clips High-Tech et des films qui battent le record des vues sur YouTube. Les gouvernements y ont considérablement réduit la piraterie et rehausser la valeur de l’art et de la culture.

Incongruité

Les dirigeants au Cameroun feignent-elles d’ignorer que derrière un artiste existent une famille, des enfants qui en dépendent ? A chaque rentrée scolaire, des artistes font appel à la magnanimité du chef de l’Etat Paul Biya. Une perversion culturelle ! Tu travailles, mais c’est un autre qui décide de ton manger et de ton boire. Comment pouvons-nous continuer à rester silencieux alors que des icônes de nos arts et culture sont en train de mourir à petit feu comme plusieurs autres l’ont été voici des décennies déjà ?

Seulement, l’on ne peut nier que ces artistes qui meurent ainsi à petit feu, et ceux qui ne sont plus à ce jour, ont fait connaître positivement le Cameroun au-delà de ses frontières. Certes dans tous les pays du monde l’on rencontre des artistes qui meurent misérables et de misère. Dans tous les Etats du monde aussi, la pauvreté n’a jamais su s’écarter pour laisser place à l’abondance seulement. Mais au moins dans plusieurs coins du monde, une politique claire, visionnaire a pu sauver des vies. Elle a su empêcher les anciennes gloires d’étaler à la face du monde le visage hideux d’un Etat incapable de comprendre que le bien-être de ses acteurs culturels est une couronne à l’international.


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Simon Ngaka

CEO et rédacteur en chef de Saimondy, journaliste et analyste géopolitique, écrivain et éditeur, artiste-musicien et interprète, Producteur de musique. En 2009, il créé le label Saimondy.

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